Le jumelage entre les deux communautés a été dignement célébré hier (vendredi 20 septembre 2019) en Principauté en présence du Prince Albert II. La barque de Sainte-Dévote a traversé la mer mais le pont de l’amitié, dressé en 2009, est à toute épreuve.

Une foi(s) n’est pas coutume, Santa Divota ne s’est pas fait prier pour déployer ses ailes protectrices sur la célébration du jumelage scellé en 2009 entre les deux communautés de Lucciana et de Monaco.

La dépouille de la sainte corse martyrisée à Mariana en l’an 303 (et des poussières antiques) de notre ère a traversé la mer en barque, poussée par des vents divins dit la légende, jusqu’aux rives de la Principauté qui ont bien changé depuis.

Mais hier, c’est à bord d’Air Corsica que la forte délégation insulaire, pilotée par le maire José Galletti, est arrivée à Monaco pour fêter dans l’apparat et la convivialité le dixième anniversaire de ce pacte qui a pris la forme d’un « serment » par lequel, de chaque rive de la Méditerranée, on a pris l’engagement d’une fraternité inaltérable. Dix bougies ou plutôt dix cierges, serait-il plus juste de dire.

« Mais en réalité, ce jumelage existe depuis 1 700 ans, explique Georges Marsan, le maire de Monaco, lors de son discours de bienvenue prononcé sur la jetée principale du port de plaisance qui porte le nom de « Diga Lucciana » en langue monégasque. Nous avons fait le serment solennel de liens permanents, cultuels et culturels qui mêlent l’histoire, la religion, la gastronomie. » Mais au fil des années, ce sont aussi les rapports humains qui se sont renforcés avec ce que José Galletti appelle, non sans un léger soupçon d’arrière-pensée, « les cousins ligures. »

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Georges Marsan a également fait la promesse d’être en juin prochain à l’inauguration du site muséographique de Mariana dont la première pierre, virtuelle, avait été posée en 2003 par le Prince Rainier III à la faveur du pèlerinage. Il a laissé dans toutes les mémoires le souvenir un souverain érudit et d’une grande simplicité qui avait patiemment arpenté les vestiges de la cité romaine.

Aussi, est-il légitime que le futur musée porte son nom avec la double bénédiction de Sainte-Devote et du Haut Conseil des Musées de France.

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Mais le point d’orgue de la journée a été sans aucun doute l’office religieux qui a eu lieu dans la magnifique église dédiée à la sainte, en présence de SAS le Prince Albert II de Monaco, très chaleureux avec la délégation de Lucciana, et présidé par l’archevêque Bernard Barsi qui a rappelé dans son sermon que le jumelage repose sur ce solide fondement spirituel qui a traversé la Méditerranée, « il est essentiel de le rappeler dans une société qui a perdu le sens sacré de l’homme. » Le Prince, engagé corps et âme dans la protection de l’environnement, a dû apprécier le message délivré sur l’écologie humaine.

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Ainsi, la foi a soulevé la montagne corse jusqu’au Rocher. Mais on n’a pas oublié l’art du partage, d’abord autour du veau corse de Mariana-Broche, puis d’un récital nocturne de chants corses dans les Jardins exotiques donné par Jean Menconi dont la magnifique voix avait résonné à l’église. Un concert gratuit à destination de la population monégasque, selon le vœu de Jacques Pastor, l’adjoint délégué au Patrimoine.

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À Monaco, Lucciana a son statut de résident.

Les maires de Monaco et de Lucciana ont prononcé leur discours sur le parvis pour, en résumé, se jurer fidélité…
A la fin de la messe, le Prince souverain a dévoilé une plaque de marbre qui marque l’événement et rappelle pour les temps futurs le lien indéfectible tissé entre les deux communautés.

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Article de Jean-Marc Raffaelli pour Corse-Matin